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29/02/2008

Les poubelles de l’art

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© Caron


source : http://www.terra-economica.info/Les-poubelles-de-l-art,37...

Les détritus ont envahi les musées du monde. Sur fond de surconsommation, les artistes « recyclent » cette matière en la magnifiant.

Le 31/01/2008, par Karen Bastien


Cette année, ils feront halte à New York et dans l’Antarctique. Les Trash people de l’artiste HA Schult ne craignent pas le dépaysement. Cette armée d’un millier de statues à taille humaine, intégralement réalisées à partir de matériaux de récupération, envahit depuis huit ans les lieux les plus prestigieux du monde : Grande Muraille de Chine, plaine des pyramides de Gizeh en Egypte, place Rouge à Moscou, Grande Arche de la Défense à Paris ou Grand-Place de Bruxelles. Les « hommes-ordures », agglomérats de canettes, de conserves, d’aérosols ou des pièces d’ordinateurs, sont « notre reflet ». « Nous vivons au temps des déchets, nous produisons des déchets, nous deviendrons des déchets », commente l’Allemand sur son site.


HA Schult s’inscrit dans une longue lignée d’artistes qui ont pris le déchet comme source d’inspiration. Le sculpteur français César est célèbre pour ses compressions de voitures. Dans ses Combines, l’Américain Rauschenberg assemble, lui, peinture, oiseaux empaillés, bouteilles de Coca-Cola, journaux, tissus, portes ou fenêtres. De son côté, Kurt Schwitters intégrait à ses oeuvres tout ce qui avait été rejeté par la société : billets de tramway, cigares, fil de fer, chiffons…

A l’inverse d’Eugène Poubelle, qui propose avec son invention de « fermer le couvercle et ne plus y penser », les artistes ont donc pris la matière déchets à contre-courant. « Les premiers qui s’y sont intéressés travaillaient essentiellement sur le cadavre, les excréments, les matières organiques en putréfaction, et ceci en réaction à la mort, aux destructions liées à la guerre. Puis est venu le thème de la critique de la société de consommation », analyse Gérard Bertolini, du CNRS, le spécialiste français du déchet dans toutes ses dimensions (économique, sociologique, archéologique, philosophique, artistique, etc.).

Des sacs fourre-tout pour aider les chiffonniers

La vague verte porte-t-elle également les courants artistiques ? « Je ne vois pas de grande alternative à la critique des excès de la consommation. L’optique “ développement durable ” ne s’y retrouve pas encore. Le message patine un peu, c’est vrai », constate Gérard Bertolini. Reste que certains artistes sont passés à la vitesse supérieure : l’éco-activisme. Ainsi, Ann Wizer, qui a créé en Indonésie une association à but non lucratif, pour « faire du bien avec les déchets ». Les premiers sacs qu’elle a fabriqués à partir de matière de récupération étaient de simples accessoires pour ses costumes de spectacles. Aujourd’hui, la XSProject Foundation produit des dizaines de types de sacs fourre-tout très à la mode. C’est aussi un laboratoire de design qui fait travailler des dizaines d’artisans et qui achète sa matière première aux chiffonniers afin de leur fournir des revenus complémentaires. A Vancouver, au Canada, c’est l’artiste Carmen Rosen qui a permis la réhabilitation du Renfrew Ravine, un ancien dépotoir qui accueille aujourd’hui un grand festival de musique et d’arts communautaires. —

Cette année, ils feront halte à New York et dans l’Antarctique. Les Trash people de l’artiste HA Schult ne craignent pas le dépaysement. Cette armée d’un millier de statues à taille humaine, intégralement réalisées à partir de matériaux de récupération, envahit depuis huit ans les lieux les plus prestigieux du monde : Grande Muraille de Chine, plaine des pyramides de Gizeh en Egypte, place Rouge à Moscou, Grande Arche de la Défense à Paris ou Grand-Place de Bruxelles. Les « hommes-ordures », agglomérats de canettes, de conserves, d’aérosols ou des pièces d’ordinateurs, sont « notre reflet ». « Nous vivons au temps des déchets, nous produisons des déchets, nous deviendrons des déchets », commente l’Allemand sur son site.

HA Schult s’inscrit dans une longue lignée d’artistes qui ont pris le déchet comme source d’inspiration. Le sculpteur français César est célèbre pour ses compressions de voitures. Dans ses Combines, l’Américain Rauschenberg assemble, lui, peinture, oiseaux empaillés, bouteilles de Coca-Cola, journaux, tissus, portes ou fenêtres. De son côté, Kurt Schwitters intégrait à ses oeuvres tout ce qui avait été rejeté par la société : billets de tramway, cigares, fil de fer, chiffons…

A l’inverse d’Eugène Poubelle, qui propose avec son invention de « fermer le couvercle et ne plus y penser », les artistes ont donc pris la matière déchets à contre-courant. « Les premiers qui s’y sont intéressés travaillaient essentiellement sur le cadavre, les excréments, les matières organiques en putréfaction, et ceci en réaction à la mort, aux destructions liées à la guerre. Puis est venu le thème de la critique de la société de consommation », analyse Gérard Bertolini, du CNRS, le spécialiste français du déchet dans toutes ses dimensions (économique, sociologique, archéologique, philosophique, artistique, etc.).

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